Un héros sera toujours défini par ses méchants. Et pour cette bande dessinée sur les superhéros à Montréal, dans laquelle on créerait un héros à partir de zéro, on aurait également besoin de ses propres méchants qui défieront Geneviève de différentes manières. Je voulais que chaque chapitre ait toujours un nouveau personnage. Et pour y parvenir, ces nouveaux personnages, pour la plupart, allaient être des méchants. Mais je le faisais de cette façon quand j’ai prévu de sortir un numéro chaque mois comme s’il s’agissait d’une bande dessinée de superhéros de fiction sérialisée traditionnelle. Donc, le premier méchant qui m’est venu à l’esprit était un homme dans un grand masque de hockey musclé. C’est-à-dire un voleur professionnel qui opérait partout dans le monde sans laisser des traces parce que chaque pas était prévu au millimètre près. Sa superpuissance est qu’il peut se multiplier et projeter des copies de lui-même qu’il peut contrôler à distance, mais qui se brisent lorsqu’il s’éloigne trop ou entre en collision avec quelque chose de très solide. Après réflexion, j’ai eu l’idée de l’appeler The Coreographist. À l’origine, ce maitre-voleur allait être un personnage qui avait grandi à Toronto et au moment où il arrive à Montréal pour commettre son vol, ce serait son dernier job, car il mourait aux mains de El Jaguar. Le super méchant du chapitre 2.

Mais ensuite, comme je l’avais déjà dit, je n’avais pas des personnages autochtones dans l’histoire, il est donc devenu facile pour moi de simplement faire de Benjamin Campbell, le Coreographist, un homme autochtone avec des superpouvoirs qui était devenu un voleur international. Mais. Qu’il finirait par mourir dans le deuxième chapitre! Je pensais avoir résolu le problème de ne pas avoir des personnages autochtones dans une histoire de superhéros à Montréal. Mais dans mon arrogance et ma stupidité, je ne me rendais pas compte que je lui avais donné le rôle de victime. Et maintenant, on avait un autre problème, on n’utilisait pas seulement Benjamin Campbell comme un Token. C’est-à-dire mettre un personnage d’une communauté de personnes marginalisées dans une position importante où il n’a vraiment aucun pouvoir réel. Mais on avait également décidé que son seul rôle dans l’histoire serait de commencer l’intrigue avec un vol ou un enlèvement motivé par la cupidité et d’autres raisons banales, mais qu’on avait également attribué le rôle de victime. On avait décidé que le seul homme autochtone de l’histoire devrait mourir pour servir d’inspiration à Geneviève. Une fois qu’on l’a mis comme ça, cela semble macabre. C’est l’une des raisons pour lesquelles il m’a fallu si longtemps pour écrire l’histoire. Je m’en suis rendu compte alors que j’avais déjà fini d’écrire le chapitre 7, alors j’ai dû revenir au premier chapitre et repenser Benjamin Campbell, et ce que cela signifierait pour tous les autres personnages de l’histoire, je veux dire, son intersubjectivité. Plus j’y pensais, Benjamin prenait une autre forme dans ma tête, j’ai commencé à le voir, non comme un méchant, mais comme une personne ordinaire, que le monde avait poussée à la limite, à commettre des crimes contre le capital. Mais qu’est-ce que cela signifie de voler dans un monde où nous n’avons rien? Mais nous ne faisons que prétendre être maitres de notre propre vie. Il m’a fallu presque 2 ans pour comprendre quoi faire avec Benjamin, j’ai écrit de nombreux scénarios et fausses biographies sur lui, mais ce n’est que lorsque j’ai découvert de quoi il s’agissait (le livre). Que j’ai pu aller de l’avant!
📌*Pour cela, voir le deuxième blogue.
Dans le premier scénario que j’avais écrit, Benjamin a volé une banque juste pour qu’il puisse kidnapper Alice Lefebvre et exiger une rançon millionnaire. Dans le deuxième chapitre, le garde du corps d’Alicia, Rosario Sandoval, alias El Jaguar, sauve-t-il Alicia, et tue Benjamin. En déchiffrant ce qui a conduit Benjamin à commettre ses crimes, c’est quand j’ai commencé à comprendre le vrai personnage. J’ai pris un cahier et j’ai juste commencé à écrire l’histoire comme s’il s’agissait d’un roman dans lequel je pouvais changer le style de narration et d’écriture afin d’aller de l’avant et de découvrir Benjamin Campbell. Au cours de ce processus d’écriture libre, j’avais découvert que Benjamin avait été un ami de longue date de Geneviève Bouchard. Sa mère était une universitaire respectée qui passait toute la journée à réviser les examens et qu’à l’intérieur Benjamin avait un vide inexplicable.

Peu de temps après avoir commencé cette expérience, mon frère, qui est l’illustrateur de bandes dessinées et le coauteur, m’a dit que ce serait beaucoup plus fun si l’histoire se déroule dans le futur, où les gens peuvent avoir des superpouvoirs et tout est contrôlé par des sociétés privées. Quelque chose comme le cyberpunk et le punk solaire? On peut dire qui serait une dystopie douce. Comme dans le livre d’Aldous Huxley « Brave New World ». Nous en avons parlé pendant une demi-heure et j’en étais convaincu. Alors maintenant, ce ne serait pas une histoire de superhéros normale à Montréal et cette décision que nous avons libérée d’écrire des situations réalistes et d’être limités par ce qui pourrait ou ne pourrait pas arriver dans notre contexte historique a été super! Et tout cela grâce à Benjamin Cambell, le Coreographsit, ou comme je l’appelle, le méchant de mille visages, qui avec Geneviève Bouchard est le protagoniste de l’histoire!
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